17 février 2020

Une brève sur les épizooties

C'est reparti? Le ministère de l'agriculture vient d'annoncer plusieurs cas de grippes aviaires dans les basse-cours d'Allemagne (de Pologne, d'Hongrie, de Slovaquie etc) et demande aux éleveurs français et aux chasseurs la plus grande "vigilance" vis à vis des oiseaux migrateurs. En effet lorsque les élevages sont touchés par une épizootie, c'est déjà trop tard, la solution usuelle est de l'extermination pour restaurer la confiance des consommateurs. C'est d'ailleurs dans ces périodes de crise que l'on comprend à quel point la confiance est un rouage essentiel au fonctionnement des marchés car l'on mesure les sacrifices énormes qu'il faut réaliser pour la restaurer.

Grippe aviaire

Le 18 janvier 2018, 2700 canards de la commune de Meilhan ont été euthanasiés suite à la détection du virus de l'influenza aviaire. Ce fait divers représentait le n-ième épisode d'une grave crise qui touchait le département des Landes et le Sud-Ouest depuis plusieurs années. Déjà en 2016, la détection de 69 foyers dans huit départements (Dordogne, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Gers, Hautes-Pyrénées, Haute-Vienne, Lot et Haute-Garonne) conduisait le ministère de l'agriculture a instaurer une procédure de vide sanitaire visant à progressivement vider les élevages de 18 départements. Le Japon, premier importateur mondial de foie gras, instaurait un embargo sur ce produit qui a duré deux ans. A ma connaissance aucune étude économique n'a été réalisée sur cette crise, il y a pourtant beaucoup de chose à apprendre de ces chocs, et de la façon dont de nouveaux acteurs apparaissent, la résilience (ou fragilité) des éleveurs frappés par la crise, les effets des subventions etc.

Fièvre porcine

La fièvre porcine africaine a eu l'année dernière un effet violent sur la production asiatique conduisant à l'élimination de plus de 20% du cheptel chinois (d'après les autorités chinoises). Quel vont être les conséquences de cette crise pour les autres producteurs (y compris européens)? Comme pour la crise de la filière avicole les études économiques sur cette crise reste à réaliser.

Vache folle

L’encéphalopathie spongiforme bovine des années 1990 au Royaume-Uni a sans doute été l'épizootie la plus étudiée. Plus de 2 millions d'animaux ont été abattus, les pertes ont avoisinées les 3 milliards d'euros avec des conséquences économiques au delà du secteur agricole avec une baisse de la fréquentation touristique en Angleterre et en Irlande conséquente, voir notamment Thompson et al. (2002).
La fièvre aphteuse du mouton a aussi fait l'objet de quelques études. Je vous recommande en particulier les travaux de Rault (2013) et Gohin et Rault (2014), chercheurs à l'INRAE qui ont étudiés les conséquences de la fièvre aphteuse en Bretagne.  Leurs recherches révélaient des effets de long terme pour la production et une désorganisation durable de la filière affectant toute la chaîne d'offre, de l'exploitation agricole à l'industrie agro-alimentaire.

Au delà du caractère moral (extermination de milliers, parfois de millions d'animaux), qui pose réellement question, davantage d'études devraient être financées pour évaluer les coûts économiques énormes de ces épizooties et rechercher des solutions alternatives.

EDIT du 18 mars: rétrospectivement, j'aurais mieux fait de faire un post sur les pandémies....

Références

  • Gohin A., Rault A. (2013) "Assessing the economic costs of a foot and mouth disease outbreak on Brittany: A dynamic general equilibrium analysis" Food Policy, 39, pp. 97-107.
  • Thompson, D., Muriel, P., Russell, D., Osborne, P., Bromley, A., Rowland, M., Creigh-Tyte, S., Brown, C., 2002. Economic costs of the foot and mouth disease outbreak in the United Kingdon in 2001. Revue Scientifique et Technique de l'Office international des Epizooties 21, 675-687.
  • Rault, 2013. Conséquences et gestion des risques sanitaires épidémiques: application à la production animale Bretonne. Thèse Agro-Campus Ouest, Université Européenne de Bretagne.



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