05 janvier 2014

Mauvaise allocation des facteurs, le cas du Portugal



L'économie portugaise est particulièrement intéressante et sans doute insuffisamment étudiée, telle est la réflexion que l'on peut se faire à la lecture de l'article de Ricardo Reis (2013).L'auteur résume tout d'abord les handicaps du pays habituellement mobilisés pour expliquer les difficultés économiques de la nation:
1) faible productivité pouvant être reliée à un marché du travail rigide, à une faible qualification des travailleurs et à une éducation insuffisante,

2) concurrence des pays asiatiques.
Cependant ces facteurs peinent à expliquer pourquoi le Portugal a connu une croissance bien plus faible que d'autres pays souffrant initialement de problèmes similaires. En effet le Portugal a suivi un sentier de croissance assez différent de la plupart des autres pays dits périphériques sur la période 2000-2007. En effet alors que le taux de croissance avoisine les 4-5% dans les années 95-2000, la période suivante est marquée par une forte chute (voir graph ci-dessous) qui contraste avec les expériences espagnoles ou irlandaises.

Pour Reis ces mauvaises performances s'expliquent par une mauvaise allocation des facteurs entre secteurs qui aurait été particulièrement importante au Portugal (ces temps-ci beaucoup d'études ont privilégié cette piste, voir par exemple cette explication pour les difficultés de l'Italie).  Le financement de l'économie par un endettement extérieur massif aurait été orienté dans des secteurs à faible productivité, tels que les secteurs de ventes au détail et les services immobiliers ou encore dans les secteurs capturant de forte rente (voir les marges des "community services" dans le graph ci-dessous).

La crise de 2008, puis la fuite des capitaux et les craintes sur les capacités de remboursement de la dette (voir graph ci-dessous) ont anéanti une économie déjà fragile.

Alors que le chômage ne représentait que 4% de la population active en 2000, il a augmenté inexorablement pour atteindre les 17,6% en janvier 2013. L'année 2013 a été meilleure que les années précédentes, avec un taux de chômage qui a enfin diminué passant à 15,6% en septembre 2013 mais la situation économique demeure particulièrement préoccupante.

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Ricardo Reis, The Portuguese Slump and Crash and the Euro Crisis. Brookings Papers on Economic Activity, forthcoming, Spring 2013.

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