21 avril 2011

Urbanisation, mondialisation et racisme

J'aimerais discuter rapidement d'un post d'écointer views sur l'immigration imaginaire. Dans ce post, Denis Gouaux nous informe que "nos compatriotes estiment que les immigrés (personnes nées à l'étranger) représentent 27% de la population, alors que la proportion réelle est de 10%." Puis l'auteur s'interroge sur les déterminants de ce biais de perception: "l'immigration est-elle plus visible dans des sociétés massivement urbanisées et tertiarisées?". A ma grande surprise, cette question n'a suscité aucun commentaire, elle est pourtant fondamentale. L'urbanisation issue des migrations campagne-ville a détruit une certaine identité culturelle rurale, la mondialisation poursuit de mon point de vue ce processus de destruction créatrice et enfin la tertiarisation de l'économie multiplie les contacts en face à face, banalisant ainsi les différences. J'ai donc tendance à supposer naïvement que les bouleversements économiques contemporains devraient réduire le racisme sous-jacent à l'immigration imaginaire. Mais ce n'est qu'une supposition basée partiellement sur les scores FN dans nos campagnes, des recherches me semblent nécessaires - sans doute la structure spatiale de la ville compte i.e agglomeration des minorités et poche de sous-emploi - pour identifier les causes de cette imagination paranoïaque.

 
F. Candau

3 commentaires:

  1. Merci!
    En effet, les immigrés sont beaucoup plus proches qu'autrefois.
    Prenez V.Giscard d'Estaing. Lorsqu'il avait fait venir des éboueurs maliens prendre le petit déjeuner à l'Elysée, image surréaliste, il recevait des personnes familières pour tous les parisiens, mais dont le métier n'exige pas le contact pour s'effectuer. Aujourd'hui, une personne qui souhaiterait limiter au maximum ses relations avec "l'étranger" n'aurait pas la tâche facile. Il lui faudrait s'isoler et s'assurer que le moindre standardiste n'exerce pas son office depuis l'Afrique du Nord.
    Tant qu'à faire, histoire de provoquer un peu, on devrait ouvrir les frontières puisque l'opinion pense qu"ils" sont déjà là...
    Ajoutons que les immigrés gardent un meilleur contact qu'autrefois avec leur pays d'origine. Ils peuvent en prendre et en laisser avec notre culture,faire leurs synthèses. Peut-être que les francais voient dans les immigrés beaucoup plus d'occasions qu'autrefois de diversification de leurs propres pratiques culturelles.
    PS: vous trouverez l'article de N Nunn en lien dans le billet où j'en parle.

    DG

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  2. Votre supposition est en effet intéressante. Elle me fait penser à ces mouvements associatifs islamophiles qui expliquent la présence soudain massive de femmes voilées par le fait qu'avant, elles ne sortaient tout simplement pas seules de chez elles.

    Un phénomène qui mériterait aussi d'être étudié, c'est le lien entre le white flight et le vote xénophobe. En Suède, les Suédois Démocrates ont obtenu des scores élevés dans ces villes réinvesties par des urbains en quête d'un meilleur environnement. Phénomène qui en France colle bien avec Marseille, Nice, Toulon, Mulhouse, Strasbourg et leur arrière-pays.
    En France aussi le mythe de l'électeur votant xénophobe dans son hameau rural bien blanc ne résiste pas au décompte des voix circonsription par circonscription.

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  3. Anonyme10/25/2012

    Peut être que les sondés et l'INSEE ne comptent pas les immigrés de la même façon : selon l'INSEE les immigrés sont des personnes vivant en France mais nées étrangère à l'étranger. Peut-être que pour les sondés les descendants des immigrés restent des immigrés... A partir de là on peut expliquer une partie de cette différence, sans passer par la case : "tous des paranoïaques racistes.."

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