13 février 2011

Les parents sont-ils altruistes? Des preuves au 19ème siècle.

Le précédent post d'Élisa sur l'altruisme a suscité un intéressant débat avec nos collègues. En résumé, nous avons gentiment été qualifié de naïfs car nous ne croyons pas que l'égoïsme est l'unique déterminant des choix économiques. Le débat a cependant tourné à la brève de comptoir, avec une fin du style "et avec tes enfants, t'es altruiste, non?". Pas top comme argument me direz-vous, et j'imagine que l'on peut effectivement trouver de grands penseurs qui ont affirmé que l'égoïsme pouvait être un moteur comportemental dans la relation parents/enfants (je me demande d'ailleurs s'il n'y a pas un biais, les grands penseurs sont-ils des parents comme les autres?), au premier rang desquels Karl Marx, avec le matérialisme historique qui lui est propre:

Previously, the workman sold his own labor power, which he disposed of nominally as a free agent. Now he sells wife and child. He has become a slave dealer.

A la lecture de cette citation, se pose alors la question
du contexte et des contraintes qui pèsent sur les individus. Il est possible comme l'ont affirmé Parson et Goldin (1989) que, dans certaines conditions comme celles prévalent au 19ème, les parents ne soient pas altruistes. Il est aussi possible que ces études nécessitent une révision comme celle récemment menée par Baskar et Gupsa intitulé "Were American Parents Really Selfish? Child Labor in the 19th Century" dont voici l'abstract:

Using the US Commissioner of Labor Survey of 1890, we examine household decisions and parental altruism vis-a-vis their children. Contrary to Parsons and Goldin (1989), we find that parental location choices were dictated by constraints rather than the desire to exploit child labor opportunities. We also find significant income effects on child labor supply, indicating that rising a­ffluence played an important part in the secular decline of child labor. We also find that the effects of childrens income on their own consumption are weak, once child labor is controlled for.

Pour ne pas outrer les spécialistes, je n'en dirai pas plus sur ce passionnant sujet, tant il est important d'avoir de solides connaissances en philosophie et sociologie (peut-être même en biologie*) pour pouvoir raconter quelque chose de vraiment pertinent. N'hésitez donc pas à laisser des liens en commentaires (si vous êtes altruistes ;-)) pour enrichir les connaissances des lecteurs et des auteurs de ce blog.

F. Candau


* pourquoi le macaque que j'ai vu hier au zoo cherchait-il les puces sur le dos de sa progéniture, altruisme réciproque?
** nous conseillons rationalité limitée pour des analyses renseignées sur le thème de l'altruisme. 

1 commentaire:

  1. HippoDeBordeaux2/14/2011

    Je pense à un exemple très proche de nous: nombre de parents financent les études de leurs enfants, dans nos pays développés. S'il s'agissait d'un simple calcul économique, alors pourquoi certains mettent un point d'honneur à payer (si pour certains le coût est finalement peu élevé étant donné leurs moyens, pour d'autres cela représente un vrai sacrifice) la meilleure école privée possible à leur progéniture? S'il s'agissait d'une simple analyse coût-bénéfice une école de second rang serait surement plus "rentable", tout comme l'université publique. De même si l'altruisme n'existait pas, pourquoi ne pas couper les vivres à ses enfants et laisser aux organismes publics le soin de subvenir à leurs besoins? Ce serait, certes, un peu violent, mais un parfait calcul économique... ;-)
    Vous l'aurez compris, je pense pour ma part que l'altruisme joue un certain rôle / un rôle certain dans toutes nos décisions, même si son degré d'influence doit surement dépendre des cas et des personnes.
    Pour enfoncer le clou, jetez un coup d'œil à cette vidéo:http://www.youtube.com/watch?v=N8mzz8xt6AU
    si un hippopotame est altruiste, so the human does...I hope.

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