19 juillet 2020
03 juillet 2020
EU Regions are falling into a Middle-Income Trap?
- "Regions trapped at high levels of income: These are territories that, despite still being relatively well-off in terms of GDP per capita, have experienced long periods of subpar economic, productivity, and employment growth, often associated with the demise of industries that were their main source of wealth in the past. This group includes most regions in Central and North Eastern France, Northern and Central Italy, Northern Jutland in Denmark, South Sweden, Southern Finland, and Lower Austria. These regions have experienced significant relative economic decline, bringing many of them closer to middle-income levels in the EU.
- Regions trapped at middle-income levels: These are regions that had achieved, by the late 1990s, levels of GDP per head that were between 75 and 100 percent of the EU average, but whose economic dynamism has since stagnated. As a consequence, they have struggled to improve their standing, often both in relative and in absolute terms. This group includes regions in the Italian Mezzogiorno, areas of Greece close to Athens and Thessaloniki, Valencia and Murcia in Spain, but also regions that have been declining for a considerable amount of time in Wallonia (Belgium) and Northern England (UK).
- Regions trapped at low levels of income: These are regions that, in contrast to most of the less developed regions in Europe receiving substantial investment from the Cohesion Policy, have struggled to sustain any type of economic dynamism at levels of GDP per capita below 75 percent of the EU average. Regions such as Calabria in Italy, East Macedonia and Thrace, West Greece, Thessaly, or Epirus in Greece, as well as regions in Central and Eastern Europe, such as Adriatic Croatia or Southern Transdanubia in Hungary, belong in this group".
23 juin 2020
La croissance américaine : de l’essoufflement à un quasi effondrement ?
- Ré-allocation factorielles vers des secteurs moins productifs (indus->service)
- Faible investissement des entreprises car augmentation du pouvoir de marché des grands groupes (Philippon, 2020)
- Déclin de la force de travail (Vollrath, 2020)
- Goulot d'étranglement de l'épargne (Bernanke, 2005)
- Augmentation des inégalités
13 avril 2020
Taming Tax Competition with a Common Corporate Income Tax
Treaties shopping
Intellectual Property Box
Concluding remark
References
- Candau Fabien, Le Cacheux Jacques, « Taming Tax Competition with a European Corporate Income Tax », Revue d'économie politique, 2018/4 (Vol. 128), p. 575-611. DOI : 10.3917/redp.284.0575. URL : https://www.cairn.info/revue-d-economie-politique-2018-4-page-575.htm
- Laffitte S, J Martin, M Parenti, B Souillard & F Toubal. International Corporate Taxation after Covid-19: Minimum Taxation as the New Normal. CEPII Policy Brief 30.
07 avril 2020
Secteur pharmaceutique, monopole et commerce international
L'industrie pharmaceutique a quasiment un siècle et mériterait un long post, j'essaierai cependant de faire court en abordant principalement (mais brièvement) l'organisation concurrentielle et internationale de ce secteur. Cependant, avant cela, attardons nous quelques instants sur la découverte accidentelle par Alexander Fleming d'un champignon, le penicillium notatum. Cette moisissure allait changer la vie de l'humanité devenant quelques années plus tard le premier antibiotique, la pénicilline. La méthode de production (utilisant le maïs, découverte par le ministère de l'agriculture américain) est devenue véritablement industrielle avec la seconde guerre mondiale, impliquant plus de vingt entreprises différentes. La concurrence fut si forte qu'au sortir de la guerre, le prix de gros de la pénicilline en 300 000 doses unitaires n'était que de 3 dollars en 1945 et qu'il continua de baisser passant à 1 dollar en 1948 et à 10 cents en 1953 (Scherer, 2000).
Le succès de la pénicilline a conduit un autre chercheur, Selman Waksman à analyser de nombreux échantillons de sol au début des années 1940 et il découvre ainsi la streptomycine. Avec Waksman, une certaine méthode de la découverte venait de naître et de nouveaux antibiotiques à large spectre ont rapidement été obtenus entre 1948 et 1953. Cette méthode de "terrain" diffère de l'approche allemande de Paul Ehrlich qui développe en 1909 le premier médicament de synthèse, un arsenical actif contre la syphilis.
Ces deux modèles de recherche vont être à la base de l'industrie pharmaceutique alliant une R&D sur les effets thérapeutique de nouvelles molécules (Ehrlich) et sur des substances naturelles (Waksman).
Contexte français
En France, c'est l'une des industries qui a connu la plus forte croissance sur les 50 dernières années (IRDES). Le chiffre d'affaire de cette industrie s'élevait à 6,5 milliards d'Euros en 1970 contre 53 milliards en 2015 selon le LEEM dont plus de la moitié est réalisée grâce aux exportations (26,2 Mrd€). Cette industrie emploierait 101 000 emplois directs et est caractérisée par une très forte concentration des entreprises qui a de plus augmenté au fil des ans. Le graphique ci-dessous illustre ainsi qu'il y avait 422 entreprises dans ce secteur en 1970 et que ce nombre est passé à 250-70 récemment.
Graphique 1: Nombre d'entreprises dans le secteur pharmaceutique en France |
Cycle du produit
Pour comprendre un peu mieux ce secteur, une brève analyse du cycle de production d'un médicament peut être intéressante. Nous pouvons distinguer 4 temps importants:
- La découverte et le développement
- Les tests
Ces molécules devront ensuite passer plusieurs tests et essais cliniques avant de devenir un médicament. Les exigences de vérification se sont renforcées ces dernières années, et au regard de différents scandales, c'est plutôt une bonne chose. Car l'histoire de l'industrie pharmaceutique c'est aussi la mise en vente de médicaments dont la toxicité a été reconnue après causé la mort ou des troubles importants (le Stalinon en 1953, la Thalidomide en 1961, le Distilbène en 1971, puis plus récemment les scandales de l'hormone de croissance, de Isoméride, du Mediator, de la Dépakine etc).
- La mise sur le marché
- La fin du monopole et l'entrée des génériques.
Ci dessous un Graphique du LEEM qui représente les laboratoires pharmaceutiques, qui illustre le raccourcissement de la période de profit depuis l'entrée massive des génériques.
Cycle du médicament (source: LEEM) |
Concurrence monopolistique, monopsone et régulation
Les brevets qui permettent d'exploiter un produit sur plusieurs années années confèrent aux firmes de ce secteur une position de monopole sur les variétés qu'elles produisent. On parle de concurrence monopolistique. Petit rappel de microéconomie: un monopole est une entreprise, qui profite littéralement de son pouvoir de marché pour fixer un prix supérieur à son coût marginal de production ce qui cause une perte nette pour la société dans son ensemble. Ce pouvoir de marché n'est évidemment pas sans limite, tout d'abord les brevets sont temporaires (les génériques ont d'ailleurs contribué a diminuer le coût des traitements), de plus les firmes peuvent développer des molécules similaires et il existe donc une concurrence plus ou moins directe. Les stratégies de production des laboratoires est assez complexes, mais pour simplifier on peut noter qu'avant les années 90s les grands groupes réalisaient des profits importants avec des produits phares, dits "blockbuster", mais au moins deux éléments ont en partie fait vaciller cette stratégie. Tout d'abord les brevets de nombreux blockbusters sont arrivés à terme, de plus les stratégies "me too", qui consistent à n'améliorer un produit qu'à la marge se sont généralisées. Pour restaurer leur pouvoir de monopole de nombreuses fusions et acquisitions ont eu lieu à partir de cette date. Enfin, une stratégie de niche, dites nichebuster, s'est développée autour de l'idée de fournir des médicaments plus spécialisés (et peut-être moins facilement copiable) sur des maladies plus rares de sortes à fixer des prix très élevés (Lakdawalla, 2018; Montalban, 2011).
Pour contrebalancer ces monopoles, l'Etat dispose d'un pouvoir de monopsone, il représente une part importante de la demande. Son intervention est de plus continue, il fixe les prix, décide de la durée des brevets, du remboursement des médicaments etc... Ce post est déjà trop long, donc pour une analyse historique et sociologique de détermination du prix des médicaments et des négociations entre l'Etat et les industriels en France voir Nouguez et Benoît (2017).
Doit-on favoriser la concurrence dans ce secteur?
De nombreuses études théoriques présentent les mécanismes économiques expliquant comment les brevets favorisent les innovations et la croissance économique en augmentant les rentes issues de ces activités de R&D (Romer, 1990; Aghion et Howitt, 1992).
Les pouvoirs publics craignent ainsi qu'une réduction de ces perspectives de gains créent de mauvaises incitations en termes de R&D. Cette vision n'est pas une vue de l'esprit, un grand nombre de maladies dans les pays en développement ne font l'objet d'aucune recherche. Les faibles recherches sur la malaria, ou encore le désastre causé par la récente épidémie de maladie à virus Ebola en sont l'illustration (vous en trouverez d'autres). L'espérance de gain qui motive la recherche d'une molécule est en partie déterminée par la "taille du marché", c'est à dire par la demande et sa croissance. Acemoglu et Linn (2004) constatent qu'une augmentation de 1% de cette taille du marché est associée à une augmentation de 4 à 6 % du nombre de nouvelles entités moléculaires entrant dans le marché. La valeur exacte de cette élasticité est très débattue, mais l'effet de la demande sur l'innovation semble certain. Blume-Kohout et Sood (2013) montre par exemple que l'élargissement de la couverture de remboursement (Medicare Part 2) à plus de 28 millions de sénior américains a entraîné une augmentation des prescriptions ayant eu pour conséquence une hausse de la recherche des laboratoires. Le graphique ci-dessous représente une étude de cas pour les traitements contre Alzheimer qui sont entrés dans cette politique et mis en perspective avec le nombre de test cliniques pour les hormones contraceptives qui n'ont pas bénéficié de cette réforme. Le résultat est très visuel, alors que les recherches sur Alzheimer diminuaient avant la réforme, elles ont constamment augmenté ensuite. A l'inverse, on peut voir que les recherches sur les contraceptifs hormonaux n'ont pas évolué au passage de l'année d'implémentation de Medicare Part 2.
Médicaments entrant dans les essais cliniques pour la maladie d'Alzheimer par rapport aux contraceptifs hormonaux |
L'importance de réaliser un chiffre d'affaire conséquent semble être d'autant plus nécessaire que les coûts de R&D peuvent être particulièrement élevés. Ce secteur se situe ainsi à la deuxième place derrière l'automobile en France, mais devant l'aéronautique, la chimie, l'informatique et la communication.
L'objectif de l'Etat est de soutenir ces recherches, mais dans le même temps les médicaments innovants aux prix exorbitants (41000 euros pour un traitement de 3 mois contre l'hépatite C) crée un malaise, ces recherches ne pourraient-elles pas se poursuivre à un prix plus faible? La cours des comptes, médecin du monde, la ligue contre le cancer et bien d'autres ont tendance à répondre par l'affirmative à cette question. L'Assurance Maladie se pose des questions similaires et note dans un rapport de 2017 que "les nouveaux traitements dans des domaines très spécialisés, tels que la cancérologie, la rhumatologie ou l’infectiologie (avec les récents médicaments contre l’hépatite C), qui augmentent significativement les coûts de traitement et dont l’impact budgétaire questionne la soutenabilité du système de remboursement solidaire". Ce rapport met en avant les progrès que représentent ces traitements mais analyse dans le même temps l'augmentation du prix d'une année de vie gagnée (je reviendrais sur cet indicateur dans un prochain post). Les prix ont ainsi fortement augmenté pour des résultats moindres que par le passé. Ce résultat peut bien sûr refléter des rendements décroissants dans la recherche mais il est difficile d'exclure que ces prix ne reflètent pas une stratégie de discrimination des monopoleurs dont la stratégie économique est de faire payer au consommateur (en l’occurrence, l'Etat) le prix maximal qu'il est prêt à payer.
Tous les médicaments sont fabriqués en Asie?
La pandémie du COVID19 a révélé au grand public que la logique du commerce international s’appliquait aussi au secteur pharmaceutique. Dans les années 80, l'Europe (et notamment l'Allemagne) produisait une grande partie des produits actifs des médicaments, mais dans les années 90 et plus encore dans les années 2000, la Chine va devenir le pays de production n°1.
De plus, le fait que le commerce mondial soit un commerce de biens intermédiaires, où la production de molécules de base est en partie délocalisée dans les pays asiatiques, fait peser le risque d’une rupture de la chaîne de production. Enfin, le fait qu’une grande partie de ce commerce soit intra-branche (environ 40% des échanges internationaux), c'est-à-dire que les nations échangent entre elles des variétés différentes de produits, pose un problème particulier dans une période de pandémie mondiale où les échanges sont bloqués. Le manque de coordination et de pilotage à l'échelle européenne est à cet égard très dommageable. Une partie des échanges de produits médicaux se fait en effet au sein de l'UE, et une pandémie est justement un drame qui dépassent les nations, bref l'Europe aurait été un bon échelon pour mieux gérer les échanges, la production (et avant cela les stocks)...Notons cependant que les pays européens n'ont pas été les seuls à considérer les médicaments comme un biens comme les autres. Au Etats-Unis, 97% des produits servant à la production d'antibiotiques sont produits en Chine.
Les graphiques ci-dessous illustrent cet échange réciproque de biens entre nations au sein d'un même secteur.
- Aghion, P., & P. Howitt, 1992, A Model of Growth Through Creative Destruction, Econometrica, 60(2), 323–351.
- Acemoglu, Daron, and Joshua Linn. 2004. “Market Size in Innovation: Theory and Evidence from the Pharmaceutical Industry.” Quarterly Journal of Economics 119 (3): 1049–90.
- Blume-Kohout, Margaret E., and Neeraj Sood. 2013. “Market Size and Innovation: Effects of Medicare Part D on Pharmaceutical Research and Development.” Journal of Public Economics 97: 327–36.
- Lakdawalla, 2018, Economics of the Pharmaceutical Industry, Journal of Economic Literature 2018, 56(2), 397–449.
- Montalban, M. 2011. La financiarisation des Big Pharma. De l'insoutenable modèle blockbuster à son dépassement ? Savoir/Agir 2011/2 (n° 16), pages 13 à 21.
- Nouguez E et C Benoît, 2017. Gouverner (par) les prix. La fixation des prix des médicaments remboursés en France. Revue française de sociologie 2017/3 (Vol. 58), pages 399 à 424.
- Romer, P. M., 1990, Endogenous Technical Change, Journal of Political Economy, 98(5), S71–S102.
- Scherer, 2000. F. M. 2000. “The Pharmaceutical Industry.” In Handbook of Health Economics: Volume 1B, edited by Anthony J. Culyer and Joseph P. Newhouse, 1297–336. Amsterdam and Boston: Elsevier.
02 avril 2020
Firmes hétérogènes et commerce international
29 mars 2020
Théories de l'information
L'expression française de “menteur comme un arracheur de dents”, où la réputation de “voleur” qui entache la profession des garagistes souligne la possibilité de ces comportements déviants lorsque l'information est asymétrique. Evidemment ces professions ne sont que des exemples, pour en donner un supplémentaire, l'étude de Johnson and Rehavi (2016) a montré que certains obstétriciens américains profitaient de l'ignorance des femmes enceintes pour pratiquer des césariennes qui n'étaient pas nécessaires simplement pour augmenter leurs salaires (aux Etats-Unis, les césariennes sont mieux payées que les accouchements naturels).
Ces asymétries d'information peuvent avoir de multiples conséquences sur le fonctionnement du marché que je détaille dans cette courte vidéo pour mes étudiants de L1 Introduction à la micro. Vous y trouverez le marché des occasions (Akerlof, 1970), l'application au marché bancaire (Stiglitz et Weiss, 1981) et les solutions à ces problèmes dont le signalement (Spence, 1970). Si vous préférez lire plutôt qu'écouter, le pdf est disponible ici.
25 mars 2020
Dépenses de santé depuis 1950
22 mars 2020
Nouvelles théories du commerce: la taille du marché
Cette première partie du cours traite de l'importance de la taille du marché (ou de l'accès au marché) qui permet d'agglomérer des activités (les ateliers du monde) et de développer des territoires jouant le rôle de plateforme aux exportations.
Présentation simplifiée du modèle monopolistique allant de l'économie internationale à l'économie géographique.
Quelques illustrations des conséquences de l'intégration sur l'agglomération des activités en Europe, en Chine et en France.
19 mars 2020
Bien privé et bien public
La pandémie du corona virus, la situation des hôpitaux, la saturation des réseaux, l'industrie du disque, la qualité de l'information fournie par les médias sont autant d'éléments divers qui trouvent une cohérence grâce aux éléments abordés.
18 mars 2020
Innovation pédagogique marginale, la gravité filmée
29 février 2020
La Banque Mondiale encourage les Etats à ne pas taxer les entreprises
Selon ces auteurs, dans la mesure où les pays se concurrencent pour gagner des places dans ce classement, cet indicateur encourage une course vers le bas des taux d'imposition vers les paradis fiscaux et les pays exportateurs de pétrole.
"...pensez-vous qu'au Mozambique, au Pakistan, dans la grande majorité des pays du monde, une hausse des impôts se traduirait non pas par de la corruption mais par des investissements et une plus grande efficacité? Non ! Ils vont voler cet argent".
En fait, les deux points de vue sont défendables. Les taxes, comme les dettes d'Etat, ne sont pas mauvaises ou bénéfiques en soi, tout dépend de ce que l'on en fait.
Si l'Etat est un Léviathan qui spolie le plus grand nombre pour le bénéfice d'une élite au pouvoir, inévitablement il est souhaitable qu'une pression à la baisse soit exercée sur ces nations. Si à l'inverse les Etats maximisent le bien-être économique de leur citoyen, une telle concurrence débouchera vers une sous provision de bien public défavorable pour tous.
Donc tout dépend de la fonction objectif des nations. Avec Jacques Le Cacheux, nous avions réalisé une revue de la littérature sur l'optimisation et la concurrence fiscale en Europe dans laquelle nous concluions que pour ces nations cette concurrence était sans doute dommageable, contribuant à une destruction des Etats Providences et à de forte injustices fiscales (les facteurs les moins mobile étant lourdement taxé, i.e. travail et entreprise locale). Le cas de l'Europe n'est cependant peut-être pas généralisable au monde. Ce que l'on peut regretter avec Kenny et Sandefur c'est que si la littérature théorique est très claire sur cette distinction Etat Léviathan/Bienveillant, les études empiriques et les indicateurs (dont celui de la Banque Mondiale), prennent rarement en compte cette dimension qui est pourtant essentielle. Au delà des taxes, ils faut regarder ce qu'elles servent à financer pour faire avancer ce débat (et la construction d'indicateur).
- Taming Tax Competition with a European Corporate Income Tax with Jacques Le Cacheux, Revue d'économie politique, 2018/4 (Vol. 128), pages 575 à 611
17 février 2020
Une brève sur les épizooties
Grippe aviaire
Le 18 janvier 2018, 2700 canards de la commune de Meilhan ont été euthanasiés suite à la détection du virus de l'influenza aviaire. Ce fait divers représentait le n-ième épisode d'une grave crise qui touchait le département des Landes et le Sud-Ouest depuis plusieurs années. Déjà en 2016, la détection de 69 foyers dans huit départements (Dordogne, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Gers, Hautes-Pyrénées, Haute-Vienne, Lot et Haute-Garonne) conduisait le ministère de l'agriculture a instaurer une procédure de vide sanitaire visant à progressivement vider les élevages de 18 départements. Le Japon, premier importateur mondial de foie gras, instaurait un embargo sur ce produit qui a duré deux ans. A ma connaissance aucune étude économique n'a été réalisée sur cette crise, il y a pourtant beaucoup de chose à apprendre de ces chocs, et de la façon dont de nouveaux acteurs apparaissent, la résilience (ou fragilité) des éleveurs frappés par la crise, les effets des subventions etc.
Fièvre porcine
La fièvre porcine africaine a eu l'année dernière un effet violent sur la production asiatique conduisant à l'élimination de plus de 20% du cheptel chinois (d'après les autorités chinoises). Quel vont être les conséquences de cette crise pour les autres producteurs (y compris européens)? Comme pour la crise de la filière avicole les études économiques sur cette crise reste à réaliser.
Vache folle
L’encéphalopathie spongiforme bovine des années 1990 au Royaume-Uni a sans doute été l'épizootie la plus étudiée. Plus de 2 millions d'animaux ont été abattus, les pertes ont avoisinées les 3 milliards d'euros avec des conséquences économiques au delà du secteur agricole avec une baisse de la fréquentation touristique en Angleterre et en Irlande conséquente, voir notamment Thompson et al. (2002).
La fièvre aphteuse du mouton a aussi fait l'objet de quelques études. Je vous recommande en particulier les travaux de Rault (2013) et Gohin et Rault (2014), chercheurs à l'INRAE qui ont étudiés les conséquences de la fièvre aphteuse en Bretagne. Leurs recherches révélaient des effets de long terme pour la production et une désorganisation durable de la filière affectant toute la chaîne d'offre, de l'exploitation agricole à l'industrie agro-alimentaire.
Au delà du caractère moral (extermination de milliers, parfois de millions d'animaux), qui pose réellement question, davantage d'études devraient être financées pour évaluer les coûts économiques énormes de ces épizooties et rechercher des solutions alternatives.
EDIT du 18 mars: rétrospectivement, j'aurais mieux fait de faire un post sur les pandémies....
Références
- Gohin A., Rault A. (2013) "Assessing the economic costs of a foot and mouth disease outbreak on Brittany: A dynamic general equilibrium analysis" Food Policy, 39, pp. 97-107.
- Thompson, D., Muriel, P., Russell, D., Osborne, P., Bromley, A., Rowland, M., Creigh-Tyte, S., Brown, C., 2002. Economic costs of the foot and mouth disease outbreak in the United Kingdon in 2001. Revue Scientifique et Technique de l'Office international des Epizooties 21, 675-687.
- Rault, 2013. Conséquences et gestion des risques sanitaires épidémiques: application à la production animale Bretonne. Thèse Agro-Campus Ouest, Université Européenne de Bretagne.
10 février 2020
Regional Trade Agreements in Africa
This is is all the more disappointing given that for more than forty years, African countries have enforced different Regional Trade Agreements (RTAs) going from free trade areas, to common markets, to political and currency unions and finally to monetary unions.
Can we conclude from these prima facie evidences that RTAs have been inefficient? We don't think so, there is a long list of individual and bilateral variables that can explain the weak continental integration (specialisation patterns, regional or civil conflicts, preferential agreements with developed countries, etc) that must be controlled before concluding on the usefulness of RTAs.
In our study, working with historical data on international trade, we use a dummy of RTAs that varies over time enabling us to control for the various variables explaining trade by using country pair, importer-year, and exporter-year fixed effects. All the aforementioned RTAs in Africa enforced between 1955 and 2014 are analyzed.
We find that the effects of RTAs have been strong but the bulk of this trade creation occurred between 1955 and 1990. Regarding the nature of RTAs, while Economic Integration Agreements (EIAs) still favour trade in Africa, there was no trade creation coming from Free Trade Agreements between 1990 and 2014. In that period, when the heterogeneity of RTAs are taken into account, RTAs in general (EIAs and FTAs) have no effect. This lack of impact can have different causes, among which the content of the RTAs that has changed over time.
Behind-the-border policies
Many recent RTAs in Africa include rules on capital mobility, competition and on environmental policies introducing hidden protection that may be detrimental for trade. As argued by Rodrick (2018) “free trade agreements” are less about “free trade” and more about behind-the-border policies (regulatory standards, investment etc) driven by rent-seeking behavior of well-connected firms that lead to inefficient trade agreements. We contend that this hypothesis does not apply to Africa. RTAs that include behind-the-border policies do not significantly deter trade there.
Home Market Effect in Africa?!?
Another reason explaining why contemporary RTAs have limited effects, may be found in their redistributive effects between members, improving the terms of trade of some countries at the expense of others. In relatively large countries, economies of scale due to the domestic market size may explain why RTAs have fostered the creation of a disproportionate numbers of activities in these countries and not elsewhere. In colloquial terms, this analyzis refers to the literature on the “Home Market Effect” (Krugman, 1980; Crozet and Trionfetti, 2008; Costinot et al., 2017). This theoretical hypothesis has not yet been tested for Africa since the continent is rightly viewed as being highly specialized on a limited number of agricultural goods. There are however some countries in Africa that may have attracted industrial activities in the way described by Krugman (1980). Indeed the industrial sector in Africa, is still underdevelopped but has known a particular increase as illustrated by the export of industrial goods of African countries.
Beyond that effect, we also test the “Hub Effect Hypothesis”: with regional trade integration, a country with the best access to other markets can become a platform for exports, attracting and creating activities at the expense of countries with poor international networks (Puga and Venables, 1997; Ossa, 2011; Mossay and Tabuchi, 2015). Overall we find that there is no home market effect due to RTAs, however some hub effects are observed.
This is more or less the introduction of our paper, if you are interested by the details, you can find the paper here:
Fabien Candau (UPPA), Geoffroy Guepie (ONU) & Julie Schlick (CEPII)
Moving to autarky, trade creation and home market effect: an exhaustive analysis of regional trade agreements in Africa. Pages 3293-3309 | Published online: 14 Feb 2019 (also the wp version here).
06 février 2020
The blog is dead, long live the blog!
La ligne édito sera la même, soit de l'économie internationale principalement, avec quelques escapades en économie de l'environnement, économie du développement, économie urbaine et en justice économique.
Voici donc:
En route pour le changement climatique!
Le Centre et la Périphérie
PS: de nombreux blogs institutionnels sont apparus récemment que nous conseillons vivement à nos lecteurs dont le blog de l'INSEE et le blog de l'IPP.
24 septembre 2019
Leah Platt Boustan
Dans la vidéo qui suit elle fait une revue de la littérature beaucoup moins historique (et moins axée sur les USA) concernant les gains migratoires à l'intérieur des pays et souligne l'importance du matching entre les qualifications des migrants et les caractéristiques offertes par les villes ainsi que les effets de réseau. La discussion qui suit la présentation est, ce qui est rare, toute aussi intéressante.
18 juillet 2018
Les politiques ne servent à rien?!
Sans aller jusqu'à dire que ces leaders ont été insignifiants, l'étude d'Easterly et Pennings (2018) montre que ces leader n'ont pas eu, dans une grande majorité de cas, d'effet significatif sur la croissance économique, ni positif, ni négatif.
Dans le même style, Donald Trump se targue d'être à la source de la croissance américaine actuelle. Ses opposants prédisent à l'inverse fréquemment une apocalypse proche imputable à ses décisions. Born et al. (2018) ont étudié l'effet Trump sur la croissance et...suspense... ils ne détectent rien. L'économie américaine trace sa route, son sentier de croissance ne semble pas être affecté par son président.
Evidemment, la méthodo de ces papiers est discutable, mais l'idée d'étudier la contribution des chefs d'état est bonne, d'autant plus qu'elle permet de relativiser la performance des hommes providences.
F.C.
PS: pour les 100 ans de sa naissance, aujourd'hui une petite citation d'un homme providence, dont l'intelligence a justement été de penser qu'il ne pouvait rien faire sans les autres:
"A good leader can engage in a debate frankly and thoroughly, knowing that at the end he and the other side must be closer, and thus emerge stronger. You don't have that idea when you are arrogant, superficial, and uninformed." N Mandela
19 juin 2018
Guerre commerciale éclair
Le POTUS n'est pas d'accord et répète en boucle sur Fox:
Mais d'après quelques rares études économiques (Ossa, 2014; Nicita et al. 2017) les tarifs pourraient augmenter entre 20 et 60% suivant les pays en cas de guerre commerciale mondiale, ce qui pourrait entraîner (mais alors là attention, c'est de la haute spéculation) une baisse de la croissance mondiale allant de 1 à 2% selon Krugman et évidemment des pertes bien plus conséquentes pour l'économie américaine. Une guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis ne devrait impacter l'Europe qu'indirectement (Krugman sur-estime sans doute les pertes au niveau mondial) via une baisse de la demande américaine.
F. Candau
31 mai 2018
Les meilleurs livres de microéconomie pour des L1?
L'idéal serait un ouvrage qui reprendrait tous les chapitres enseignés de façon littéraire, dans un style riche et qui donnerait du sens à la matière. Par exemple un bouquin sur le consommateur et le producteur qui discuterait des préférences et des isoquantes en rendant cette partie du cours palpitante serait parfait! Faut pas rêver, cela n'existe pas. Il existe par contre de bons ouvrages sur les marchés, leurs défaillances, sur la concurrence imparfaite et les biais cognitifs.
Spontanément je conseillerai pour son côté facile à lire:
- L'économie est un jeu d'enfant de Tim Harford.
- L'économie de marché, de Guesnerie, conseillé par @econoclaste avec cette première page qui donne effectivement envie de lire la suite:
- Les habits neufs de la concurrence de François Lévêque, toujours par @econoclaste qui commente "récent, sympa à lire, plein de sens. Mais pas en mode intro comme le Guesnerie. Concurrence imparfaite appliquée au vrai monde".
- Du bazar à la corbeille - Une histoire des marchés de John McMillan par @Undercoverhist qui "insiste sur le MacMillan, pas très connu en France mais complètement littéraire et très bien écris: voir les commentaires sur la VO" et conseille aussi les ouvrages de Robert Frank dont La course au luxe.
- Economie du bien commun de Tirole a aussi été beaucoup proposé, c'est cependant un ouvrage qui, de part ses références multiples et son souci de rigueur, est peut-être plus adapté à un niveau L3.
- Microeconomics, a very short introduction, de Dixit, conseillé par @anace. Si l'anglais ne vous fait pas peur, Dixit conseille à la fin de son ouvrage plusieurs autres livres sur chacun de ses chapitres (le premier qu'il cite est le McMillan, il y a aussi le Harford).
- des romans? Il y a les policiers de Marshall Jevons, tels que Meurtre à la marge ou Equilibre fatal conseillés par @Marion_Gaspard, c'est "amusant sur comment raisonnent les économistes, mais pas très bien écrits (pour des romans policiers)".
- Freakonomics de Levitt et Dubner, conseillé par @PhilDelacote et @macnana.
- Pas de pitié pour les gueux de Cordonnier, via @ZemmourMichael, vous trouverez une recension critique de l'ouvrage par Stéphane Ménia ici
- Pourquoi lire un livre, alors qu'il y a carrément des collections? Le @captaineco_fr en mode conseil de lecture : "sur les incitations et le comportement des individus, "Nudge" se lit bien et est traduit en FR. Sinon globalement la collection "PopEconomics" est sympa".
- Côté théorie des jeux, il y a le Poundstone d'après @ladej qui conseille par ailleurs les stratégies absurdes: comment faire pire en croyant faire mieux
- Pour de la micro underground lire Les gangsters de l'économie de Raymond Fisman et Edward Miguel et Pour en finir avec les mafias d'Emmanuelle Auriol conseillés par @IPRArnould
- Une liste dans la liste: @adelaigue nous conseille 5 ouvrages proposés par Harford (et confirme le McMillan).
- Pour conclure, @ABelgo_optimum propose d'ouvrir aux Esprits animaux d'Akerlof et de Shiller.
Un grand merci à tous ceux qui ont participé et proposé des ouvrages.
27 juin 2017
Pollution Havens are not a Myth!
Pollution
Haven, from the myth to the reality
Market
Access
Corruption
Conclusion
Reference:
(Working paper available here, older version at ideas)