Séphane Ménia, le mister Hyde du docteur Jekyll, vient d'écrire un bouquin sur des débats qu'il est temps de sortir de l'ombre: le chômage, la désindustrialisation et la dette. Sortir de l'ombre?! Oui. Même s'il existe de nombreux ouvrages et articles sur ces sujets, rares sont ceux qui sont clairs et précis. Le débat est en quelque sorte interdit par la partialité des analyses. Ici tout est bien documenté, discuté et pédagogiquement présenté.
Le décor est d'abord soigneusement planté, chaque chapitre débute par des faits; plusieurs faits, ici un graphique qui intéressera tous les étudiants.
Puis les dialogues s'installent, toutes les questions que vous vous posez sur ces sujets sont passées en revue: Les jeunes sont ils maltraités en France? et les vieux? Qu'est-ce qui détermine l'emploi? Quel est l'impact du SMIC? Faut-il réduire les charges sociales? Faut-il réduire le temps de travail? Quel est l'impact d'une augmentation de la population active (démographie, immigration)? Faut-il fliquer les chômeurs? et la formation? Faut-il un contrat de travail unique? etc....
Patiemment, pour chaque question, l'auteur explique, cite, renvoie à des travaux de recherche (lien hypertexte à votre service à l'appui). Jamais dogmatique, il cherche à être le plus juste possible sur ce sujet important, sans doute le plus important de l'analyse économique.
Le chapitre suivant est celui qui m'a le plus plu, il analyse la désindustrialisation. Lorsqu'une usine ferme, c'est douloureux et visible, souvent des centaines d'emplois disparaissent, aussi les médias et les politiques, K.O. et légitimement compatissant, ont renoncé à la réflexion de long terme, celle consistant à analyser les emplois crées après et ailleurs. Aussi c'est un grand plaisir de voir Stéphane Ménia relever le gant et lancer ce débat. Pour tous ceux qui pensent, un peu vite, que tous les emplois perdus par les délocalisations seraient strictement regagnés par les relocalisations, extrait:
"Quand une usine se relocalise en France, un matériel neuf est installé et la relocalisation occasionne une automatisation supérieure [...] nécessitant moins de main d'œuvre. En termes d'emplois estimés, ce sont plus de 25000 emplois qui sont perdus du fait des délocalisations, pour seulement un millier qui sont gagnés grâce aux relocalisations. Soit un ratio de 25 pour 1"
Le chapitre sur la dette est une récidive (déjà débattue sur un ton plus léger dans un précédent ouvrage) mais depuis la situation a changé et l'analyse a gagné en maturité. La dette n'est plus un faux problème en France (et encore moins en Europe), elle a entraîné l'austérité des années qui viennent de s'écouler... aussi est-il vital pour notre démocratie de comprendre si les efforts demandés ont été basés sur une pensée erronée, ayant pour point focal une soutenabilité fictive de la dette, une frayeur injustifiée de la faillite de l'Etat, ou si au contraire on peut se féliciter de la perspicacité et du courage de nos politiques, tous bords confondus...
Pour conclure, sur le blog du taulier, à l'entrée, en haut à droite on peut lire "depuis 1999", on a du mal à y croire. Ce gars là, était non seulement sur le fil de l'éco avant même que la toile soit tissée, mais en plus, il n'a jamais cessé de poster du contenu gratuit et aujourd'hui, fidèle à ce principe, il sort un bouquin à 2,99 €. L'esprit du web est là, saluons le, à vous de twitter, bloguer et relayer! L'objectif est noble: rendre accessible au plus grand nombre une analyse économique de qualité.
03 juillet 2015
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